Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tions, qui accusaient et arrêtaient, motivassent ces arrestations, les expliquassent à la Commune, écartassent ainsi le soupçon d’agir par haine personnelle.

Mais ni Cambon ni Chaumette ne furent écoutés. Robespierre n’osa pas mécontenter ses Jacobins.

Le plus simple bon sens disait que la machine éclaterait. Le Comité demanda que l’Assemblée l’autorisât à séparer, dans les prisons, les suspects des vrais accusés, à élargir des prisonniers, à diminuer enfin l’horrible encombrement. Robespierre soutint que les comités n’avaient pas le temps. À tort. Sauf deux ou trois membres, accablés de travail, les autres avaient du temps et en perdaient beaucoup (par exemple Robespierre dissertant sur les vices du gouvernement anglais).

Il voulait que cet examen et cet élargissement ne se fissent que par des commissaires, lesquels resteraient inconnus. Cela se comprenait. Ces inconnus eussent été des hommes à lui. Il eût eu la clé des prisons. La Convention recula. On ne fit rien du tout (26 décembre 1793), et le mal augmentait de minute en minute.

Le remède, disait-il, c’était l’accélération des jugements. Il la demanda plusieurs fois. Mais quelque extension que l’on donnât aux tribunaux, les comités entassaient aux prisons de telles masses d’hommes que les juges les plus rapides n’en pouvaient venir à bout.

On vit là ce qu’est la Terreur, un phénomène