Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de tuer l’héroïque défenseur de Nort, Meuris, l’homme qui, par ce combat, donna huit heures à Nantes dans son grand jour pour la préparation de la défense, et la sauva peut-être.

L’origine première de ce malheur fut la rivalité de la légion nantaise, corps girondin composé de jeunes bourgeois, et des bataillons Meuris, corps en grande partie montagnard, mêlé d’ouvriers et d’hommes de toute classe.

M. Nourrit (depuis intendant militaire), capitaine dans la légion, qui eut le malheur de tuer Meuris, excuse ainsi la chose. Le bataillon de Meuris était contre Beysser, la légion pour lui. La dispute de corps menaçait de devenir sanglante ; il en fit une dispute individuelle, il s’en prit à Meuris et le défia. La jeunesse nantaise avait, dit-il, en ces sortes d’affaires une tradition, une réputation qu’on voulait soutenir. Meuris eut la simplicité de se battre avec un officier inférieur, un jeune homme inconnu qui, de toute manière, trouvait son compte à croiser l’épée avec un héros.

Il fut tué le 14 juillet, le jour anniversaire de la prise de la Bastille, de la naissance de la Révolution[1].

  1. Peu de jours après, sa veuve, chargée d’enfants, adresse une pétition aux autorités. Un garçon, formé par Meuris, faisait aller la pauvre petite boutique et soutenait la famille. M me veuve Meuris demande qu’il soit exempté du service, ou, comme on le disait, mis en réquisition pour la boutique de Meuris. On passa à l’ordre du jour. (Collection de M. Chevaz.) Le bataillon Meuris, réduit à si peu d’hommes, avait eu pour récompense nationale une distribution de bas, chemises et souliers. On décida, peu après la mort de son chef, « qu’il serait incorporé dans un bataillon mis à la disposition du ministre