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Le décret proposé se ramenait à deux articles :

1o Les représentants que l’Assemblée envoie en mission ne correspondent plus avec elle, mais avec le Comité de salut public (l’Assemblée est brisée dans son pouvoir exécutif, ses envoyés, tous Montagnards) ;

2o Les municipalités et leurs comités révolutionnaires qui lèvent la réquisition (en hommes, argent, denrées) ne sont comptables qu’au district et au Comité de sûreté générale.

Ce simple article fît en France quarante-quatre mille tyrans.

Ces comités eurent (réellement sans surveillance) la disposition absolue des personnes et des fortunes.

Le district ne surveilla pas. C’était alors un simple agent recevant la réquisition et la poussant vers la frontière, sans s’occuper de la manière dont elle avait été levée.

Le Comité de sûreté ne surveilla pas. Qu’était-ce que ce Comité ? M. Louis Blanc s’efforce de l’obscurcir. C’était Robespierre en deux hommes, en David et Lebas ; les autres étaient des gens morts d’avance, sous la guillotine, plats valets et serfs de la peur. Ils étaient à cent lieues d’oser demander des comptes à ces comités jacobins.

Le projet original de la réquisition, tel que Cambon l’avait présenté, obligeait ces comités de regarder vers le centre, vers l’Assemblée, qui, par ses commissaires, les surveillait. Mais le projet voté le 18 novembre, n’imposant qu’une unité