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Généreuse entreprise, difficile, qui devait le perdre. Il avait dans la Montagne même des ennemis tout prêts à écouter Ronsin. Plusieurs, du reste excellents patriotes, étaient indisposés contre Phelippeaux pour des causes personnelles : Levasseur pour une rivalité d’influence locale ; Amar pour l’appui donné par Phelippeaux à une pétition que cinq cents détenus de l’Ain avaient faite contre lui ; Choudieu enfin, commissaire à Saumur, trouvait mauvais qu’il voulût réunir l’armée auxiliaire loin des bandes de Saumur. Choudieu, Amar, hommes de l’Ancien-Régime, l’un magistrat, F autre trésorier du roi, ne trouvaient leur salut que dans leurs ménagements pour les exagérés. C’étaient des voix tout acquises à Ronsin.

Phelippeaux, ainsi compromis dans la Montagne, allait l’être bien davantage par la folie des Girondins de Nantes, qu’il venait sauver. Avant qu’il arrivât, et malgré l’insigne service qu’il leur avait rendu par la délivrance d’Angers, ils lui en voulaient d’avoir pris pour adjoint le plus rude patriote de Nantes, le plus dévoué aussi, Chaux, le fondateur du club de Vincent-la-Montagne.

Le premier remerciement fut un outrage qu’on lui fît dans la personne de Chaux, qu’un commis insulta de paroles. Des gardes nationaux, en les voyant passer tous deux, firent le mouvement de les coucher en joue.

Cette insolence qu’on excusa fort mal, avait un caractère bien grave, lorsque les Girondins venaient