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Deux bataillons, deux escadrons, furent généreusement donnés à Phelippeaux.

Après ce tour immense, le 19 juillet au soir, Phelippeaux, arrivé à Tours, où était la commission directrice des affaires de l’Ouest, vit le soir arriver son collègue Bourbotte, l’Achille de la Vendée, qui, sanglant et meurtri, échappé à peine à la trahison, revenait de notre déroute de Vihiers. L’armée était restée vingt-quatre heures sans avoir de pain ; elle était partie de Saumur sans qu’on avertît seulement l’armée de Niort, qui eût fait une diversion. On sut bientôt que les Vendéens, vainqueurs, avaient les Ponts-de-Cé, qu’ils étaient aux portes d’Angers.

Phelippeaux veut partir, se jeter dans Angers. Ronsin l’arrête : « Que faites-vous ? lui dit-il. Vous serez pris par les brigands… Prenez du moins le détour de la Flèche. » — D’autres surviennent, appuient. — « Mais je perdrais cinq heures », dit Phelippeaux. — Il se tourne vers son. Nantais : « Qu’en dis-tu ? Nous suivrons la levée de la Loire, chaussée étroite et sans refuge… N’importe ! ils ne pourront se vanter de nous prendre vivants… Voici la liberté. » Et il montrait ses pistolets. Le Nantais était Chaux, du club de Vincent-la-Montagne, l’intrépide patriote qu’on a vu dans l’affaire Meuris. Un tel homme pouvait comprendre ce langage. Il suivit Phelippeaux et l’eût suivi au bout du monde.

Ils coururent toute la nuit ce défilé de douze lieues ; à la pointe du jour, ils trouvèrent la route pleine de fugitifs, vieillards, femmes et enfants.