eût montré Nantes, et qui répétait avec lui le cri de sa ville natale.
La France était si pauvre, tellement dénuée de ressources, de direction, de gouvernement, qu’il fallait aller quêter de porte en porte les moyens de la défense nationale.
Les aventures de cette mendicité sublime fournissent mille détails touchants.
Seine-et-Oise était ruiné de fond en comble, d’hommes et d’argent, Versailles anéantie. Quarante mille pauvres dans une ville ! Déjà seize mille hommes aux armées. Mais on se saigne encore pour Nantes. Un bataillon, un escadron, partiront sous huit jours.
Eure-et-Loir, qui a déjà perdu un bataillon à la Vendée et qui a sa récolte à faire, laisse là sa moisson et part.
La Charente a donné vingt-six bataillons ! Elle en donne encore deux. La Vienne, la Haute —Vienne et l’Indre, chacun plus de deux mille hommes.
Les Deux-Sèvres n’ont plus d’hommes. Elles donnent du grain.
Mais la plus grande scène fut au Mans. Rien ne pouvait s’y faire qu’on n’eût réuni les partis. La ténacité obstinée de cette forte race de la Sarthe rendait l’obstacle insurmontable. Phelippeaux disputa quarante heures, et enfin l’emporta. Le second jour de dispute, à minuit, Girondins, Montagnards, tous cédèrent, s’embrassèrent. Cela se passait sur la place, devant vingt mille hommes qui fondaient en larmes.