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jardins et il arriva ainsi au coin de la place Viarme. Avant qu’il fût sorti encore de la rue du Cimetière pour déboucher dans la place, un savetier qui se tenait à sa mansarde (du n° 1) vit l’homme au panache blanc avec l’état-major brigand, appuya tranquillement son fusil sur la fenêtre, tira juste… l’homme tomba.

La Vendée, frappée du coup, n’alla pas plus loin. Ils l’avaient cru invulnérable, ils furent tous blessés à l’âme ; si profondément blessés qu’ils ne s’en sont jamais relevés.

Au moment même où il tomba, ils commencèrent à réfléchir. Ils n’avaient réfléchi jamais.

Ils commencèrent à avoir faim et à remarquer que le pain manquait.

Ils s’aperçurent aussi qu’un canon était démonté et qu’il était tard pour refaire la batterie.

Ils apprirent que Westermann, l’étourdi, l’audacieux, avait percé au fond de la Vendée, qu’il allait prendre Châtillon, pendant qu’ils ne prenaient pas Nantes.

Extraordinairement refroidis par ces graves réflexions, ils se mirent, de côté et d’autre, à faire leurs arrangements et replier leurs bagages. En avançant dans la journée, et le soir, il se trouva que tous étaient prêts à partir. Leurs généraux, qui le voyaient, se hâtèrent d’en donner l’ordre, de peur qu’ils ne s’en passassent.

Pour célébrer leur départ et de crainte de quelque surprise, Nantes illumina le soir et toute la nuit.