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stoïque esprit, futur martyr de prairial, organisèrent l’autel du Dieu-Raison.

Le vrai point grave et fort de la prédication nouvelle, le sujet que Chaumette insatiablement traitait dans ses sermons, était l’épuration des mœurs. Parmi tant de misères, la multiplication des filles, l’énervation de l’homme était un vrai fléau. Au nom de la Raison, au nom de la Patrie, on sommait le jeune homme de rester fier et pur, entier pour le travail, pour l’énergie civique et les nobles efforts.

L’Assemblée, la Commune, s’accordaient dans le nouveau culte. L’Assemblée tout entière reçut, accueillit la Raison avec son innocent cortège de petites filles de douze ans. Elle fit plus. Elle alla tout entière la visiter à Notre-Dame (10 novembre). Le 16, un acte grave engagea la Convention. Sur la proposition de Cambon, elle décida que les églises, devenant la propriété des communes, serviraient spécialement d’asiles aux indigents. Quelle destination plus pieuse, plus conforme en réalité aux vues charitables de ceux qui firent tant d’établissements religieux ? À l’entrée de ce rude hiver, couvrir le pauvre sans asile, c’était à coup sûr œuvre sainte. Mais indirectement un tel décret finissait l’ancien culte.

L’étonnement ne fut pas petit le 21 novembre d’entendre, aux Jacobins, Robespierre dire (sans égard aux décrets) que la Convention ne voulait point toucher au culte catholique.