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combat eût commencé, comme il était dit, à deux heures de nuit, un moment avant le jour. Il ne commença que fort tard, à dix heures, en pleine et chaude matinée. Charette avait tiré à deux heures et se morfondait dans l’attente, ne sachant comment expliquer le silence de la grande armée.

Il lui manquait ce corps d’élite, ces tireurs bretons retardés à Nort, quatre mille hommes qui, faute de barques, durent sans doute venir à pied. Ce corps venu et reposé, l’attaque commença vivement par les routes de Paris, de Vannes, et au centre par celle de Rennes.

Beysser, voyant bien que Charette ne ferait rien de sérieux, prit des forces au pont coupé qui se gardait de lui-même, les porta sur la route de Paris, chargea Bonchamps avec une fureur extraordinaire et le repoussa.

Au centre, sur la route de Rennes, où était l’affaire la plus chaude[1], Cathelineau eut deux chevaux tués sous lui, sans pouvoir forcer le passage. L’artillerie républicaine, servie admirablement par les canonniers de Paris, arrêtait les Vendéens. Là se tenait, froid et paisible, Canclaux observant le combat. Là, Baco, le vaillant maire, remarquable par sa forte tête, couverte d’épais cheveux blancs, dans sa juvénile ardeur, encourageait tout le monde, jusqu’à ce

  1. Là fut tué le vaillant grand-père du vaillant et généreux M. Rocher, commissaire de la République dans cinq départements, en 1848, et si estimé de tous les partis.

    Ces belles légendes de Nantes auraient mérité d’être dites par son Walter Scott, l’éloquent auteur du Champ des Martyrs, M. E. Ménard.