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L’évacuation commençait. Les canons, les caisses d’argent, les voitures du général, du représentant, tout était prêt au départ. Un événement populaire changea la face des choses.

Un bateau ramena par l’Erdre ce qui restait du glorieux, de l’infortuné bataillon Meuris, une trentaine d’hommes sur cinq cents. Le bataillon avait tenu son serment. Il s’ensevelit à Nort, pour donner huit heures de délai à la ville de Nantes. L’attaque, ainsi retardée, manqua, Nantes fut sauvée. Disons mieux, la France le fut. Son salut, dit Napoléon, tenait au salut de Nantes.

Lorsque la France se souviendra d’elle-même, deux colonnes, l’une à Nort, l’autre à Nantes, rappelleront ce que nous devons à l’immortel bataillon et au ferblantier Meuris.

Il faut dire que le bataillon avait trouvé dans Nort même, cette toute petite bourgade, une admirable garde nationale. Nort, la sentinelle de Nantes, parmi les Tourbières de l’Erdre, était constamment aux mains. Rien n’était plus patriote. Émigrée une fois tout entière devant l’ennemi, elle s’était reconquise elle-même. Nantes lui avait, à cette occasion, voté un secours d’honneur, de reconnaissance.

Les hommes du club Vincent, Chaux surtout, dont se retrouve partout la main dans les grandes choses, avait formé, choyé cette vaillante avant-garde de la capitale de l’Ouest.

Nort n’a ni mur ni fossé, sauf l’Erdre qui passe devant, et elle tint toute une nuit. À la vivacité du