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cela ensemble faisait une force peu considérable, en tout dix ou onze mille hommes, nombre bien petit pour garder l’immense étendue de Nantes.

Quand la sommation arriva, le commandant de l’artillerie, déclarant qu’il ne répondait nullement de défendre la ville : « Eh bien, moi, dit le maire, je la défendrai !

— Et moi aussi, dit Beysser ; honte aux lâches ! » Ce mot ramena les autres. On se rangea à l’avis de Baco.

La situation où les deux partis se trouvaient dans Nantes ne contribua pas peu à faire prendre cette grande initiative au maire girondin et aux généraux du parti Beysser et Goustard. Les Montagnards voulaient la défense, et Meuris, envoyé avec son bataillon au poste lointain et dangereux de Nort, avait juré de tenir ou de se faire tailler en pièces ; et, en effet, le bataillon périt.

En présence de cette rivalité héroïque des deux partis, Merlin ne pouvait pas aisément abandonner la ville. Il la déclara en état de siège, soumettant tout à l’autorité militaire, à son général Canclaux, et se réservant ainsi d’évacuer Nantes, si tel était décidément l’avis des hommes du métier.

Dans le rapport qu’il a fait après la victoire, Canclaux dit qu’à l’approche de l’armée vendéenne, se voyant si faible, il sentit qu’il ne pouvait livrer bataille et qu’il se rapprocha de Nantes, La municipalité affirme que, s’il s’en rapprocha, ce n’était pas pour y entrer, mais bien pour reculer vers