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soutenu du centre. Nantes semblait plus isolée de Paris que de l’Amérique.

Merlin, pendant tout le mois, eut beau écrire lettre sur lettre, il n’obtint pas une ligne du Comité de salut public. Le 28, il reçut un mot, absolument inutile à la défense de Nantes.

Il avait eu le bon esprit de retenir pour commander un excellent officier, l’ex-marquis de Canclaux, général destitué, esprit froid et ferme, connu par de bons ouvrages sur la tactique militaire. Son avis toutefois, conforme à celui du commandant de l’artillerie et du château, était qu’on ne pouvait défendre la ville. Canclaux, arrivé à l’âge de cinquante-quatre ans, avec une bonne réputation militaire, se souciait peu de la compromettre.

Canclaux ne croyait guère qu’aux troupes de ligne, et il n’en voyait que cinq bataillons de cinq régiments différents. C’est tout ce qu’on avait pu tirer des côtes, qu’on n’osait trop dégarnir. Il ne savait que penser de tout le reste, simples gardes nationaux de Nantes ou des départements, qui, touchés de son péril, lui avaient envoyé quelques bataillons. Les Côtes-du-Nord avaient envoyé les premières, puis Ille-et-Vilaine, Mayenne et Maine-et-Loire, Orne et Seine-Inférieure, Seine-et-Marne et Seine-et-Oise, enfin la Charente. Chose admirable, le Bas-Rhin, si exposé et si loin, envoya aussi ! mais n’arriva pas à temps. Dans ces gardes nationales, ce que Canclaux avait de meilleur sans comparaison, c’étaient les quatre compagnies des canonniers de Paris. Tout