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au moins dix mille hommes. Le tout pouvait s’évaluer à cinquante ou soixante mille[1].

Bonchamps, avec ses Bretons, devait attaquer par la route de Paris et par le château. La division des Poitevins, sous Stofflet et Talmont, venait par la route de Vannes. La troisième, la plus forte, l’armée d’Anjou, suivait la route centrale, celle de Rennes, sous Cathelineau. Sous d’Autichamp, quatre mille hommes remontaient la rivière d’Erdre, pour passer à Nort et rejoindre l’armée d’Anjou. Quant à Charette, on le laissa de l’autre côté de la Loire, du côté où Nantes est le moins prenable. On se contenta de son assistance lointaine, de sa canonnade. La grande armée, maîtresse de la Loire, aurait pu certainement amener des barques et le faire passer.

Toutes les routes étaient prises ainsi, les vivres devenaient rares dans Nantes et d’une cherté excessive. Tout le peuple était dans la rue, l’administration très inquiète. Par deux fois elle défendit aux sections de se réunir et de rester en permanence.

La responsabilité était grande pour les représentants du peuple Merlin et Gillet. Merlin (de Douai), le célèbre jurisconsulte, esprit vif et fin, caractère équivoque et timide, n’était nullement l’homme qui pouvait prendre une initiative héroïque dans cette grande circonstance. Il n’était d’ailleurs nullement

  1. Lettre de d’Elbée publiée par M. Fillon (Entrée des Vendéens à Ancenis).