Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.

aussi pour quelque chose. On punit la Vendée sur les statues de Notre-Dame, les saints de pierre. On leur cassa le nez.

Chaumette était bon homme au fond et trop heureux que l’on s’en tînt aux pierres, qu’il n’y eût de tué que les saints. Il n’y eut nul mouvement sérieux contre les prêtres. Lui-même, l’apôtre de Paris, prêcheur de bienfaisance, Chaumette, et avec lui, Clootz, l’orateur du genre humain, deux prêtres en révolution, menèrent à l’Assemblée l’évêque de Paris et les prêtres de l’ancien culte. L’évêque fraternisa avec un pasteur protestant. Ce fut un acte édifiant de sagesse et de tolérance.

Dans les départements, plus d’un représentant en mission était charmé de détourner de ce côté les fureurs populaires. Les saints de bois étaient guillotinés. Leurs riches vêtements arrivaient chaque jour à la Convention. Les porteurs quelquefois s’en affublaient. Les étoles et chasubles du cardinal Collier et du saint cardinal Dubois n’étaient peut-être pas entourées du respect qu’on eût dû à de telles reliques. On en vêtit un âne. Enfances populaires qui rappellent assez bien nos vieux Noëls d’église, où l’âne avait sa fête aussi.

« Paris, dit Clootz, est la vraie Rome, le Vatican de la Raison. » La Raison était dès longtemps la pensée de Paris, l’enseignement de la Commune, la prédication de Chaumette dans les quartiers du centre. Les auteurs du calendrier, les mathématiciens de la Convention, Romme entre autres, ce