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toute sorte, qui font volontiers leur tour de France et s’y établissent parfois, Meuris vint jusqu’à Nantes, s’y maria, s’y fixa.

La vieille petite Tournai, qui se disait la ville de Clovis, la mère de Gand et de toute la Belgique, était l’orgueil et la guerre même. Française au sein des Pays-Bas, en vive opposition avec la lourde population flamande qui l’environne, elle a toujours exagéré les qualités françaises. Nos rois, charmés d’avoir en elle une France hors de la France, lui conservèrent des privilèges illimités. Ce petit peuple d’avant-garde, très ardent, très inquiet, qu’on croirait méridional, a vécu de siècle en siècle l’épée à la main, toujours en révolution quand il n’était pas en guerre. Un Tite-Live de Tournai a écrit en cent volumes ses révolutions, bien autres que celles de Rome. Mais l’histoire n’est pas finie.

J’ai cité ailleurs les chansons guerrières de Tournai contre les Flamands[1]. La marche de Nantes et de Vendée n’a pas été moins féconde en chansons bonnes ou mauvaises. Si les gens de Charette dansaient, les mariniers de la Loire se vengeaient en chants satiriques et parfois rapportaient dans Nantes au bout de leurs baïonnettes les jupes des Vendéennes.

Pour cette population gaillarde d’ouvriers, de mariniers, Meuris fut un centre électrique.

  1. J’ai cité une très belle chanson de Tournai sur sa victoire de 1477 (Histoire de France, t. VI). — Pour les chansons vendéennes (des deux partis), un employé de la Loire-Inférieure, voyer d’un chemin, si je ne me trompe, en a fait un recueil. Il serait fort à désirer qu’il le publiât.