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Meuris se chargea d’organiser cette force armée qui devait courir le département. Mission vraimen hasardeuse, quand on songe au soulèvement universel des campagnes.

Cet audacieux Meuris mérite bien d’être un peu connu. Il n’était pas de Nantes. C’était un Wallon des Pays-Bas[1], de cette race très particulière dont les Liégeois sont une tribu, et qui a fourni peut-être les plus fougueux soldats de l’Europe. Dans ce nombre innombrable de braves gens qui ont rempli les armées de la Révolution, quelques Liégeois ont marqué par une bravoure emportée, furieuse, et qu’on pourrait dire frénétique, absolument les mêmes qu’en 1468, lorsque trois cents Liégeois entrèrent dans un camp de quarante mille hommes pour tuer Charles-le-Téméraire.

Meuris avait été élevé à Tournai, ville wallonne et plus que française au milieu des Flandres, sorte de petite république, et il y avait pris de bonne heure l’esprit républicain. Comme beaucoup de dinandiers, de ferblantiers et de batteurs de fer de

  1. L’acte de décès de Meuris, que m’a communiqué M. Guéraud, de Nantes, le dit né à Tournai.

    M. Gachard, archiviste général de Belgique, et M. le secrétaire de la ville de Tournai avaient mis une extrême obligeance à chercher pour moi son acte de naissance dans les registres de cette ville.

    Mais son acte de mariage, trouvé depuis à Nantes par M. Dugast-Matifeux, apprend qu’il n’était pas né à Tournai : Amable-Joseph Meuris était né en 1760 sur la paroisse de Russignies (commune wallonne du Brabant), diocèse de Malines ; il était domicilié de la paroisse Saint-Georges de Tournai, et il épousa en 1784 à Nantes Marie-Ursule Belnau, fille d’un tailleur. D’après l’inscription de sa tombe (cimetière delà Bouteilleric), Meuris servait depuis trois ans cinq mois six jours (dans la garde nationale sans doute), lorsqu’il fut tué malheureusement le 14 juillet 1793.