Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.

même n’entra que tard au Comité de salut public. Mais il prit la force réelle, s’assurant de trois classes : les Jacobins, les prêtres et les propriétaires. Aux Jacobins, les places. Aux prêtres, l’Être suprême, écrit en tête de la constitution. Quant aux propriétaires, il avait pu les alarmer en disant avec un Girondin qu’eux seuls payeraient l’impôt, que les pauvres ne payeraient rien. Il rétracta expressément cette doctrine, « ne voulant pas priver les pauvres de l’honneur de contribuer ».

Comment, penchant ainsi à droite, ce faiseur de miracles ferait-il qu’on le vît à gauche ? Cette duplicité lui fit la très honteuse condition de s’appuyer d’Hébert, du populacier Père Duchesne, un journal ivre à froid, hurlant toujours le sang ! Hébert envahit à son aise les places et les fonds de la Guerre, paralysant ce ministère en présence de l’ennemi. Il arrivait. Enfin (après trois mois d’inaction), on appela Carnot. La victoire improbable, si acharnée, de Wattignies, non seulement sauva la France, mais nous fit un réveil. Pour un moment Paris sort du sec esprit jacobin.

Ni Robespierre ni la Gironde n’eurent le moindre sens de Paris, ne comprirent la valeur de ce creuset profond de chimie sociale où tout, hommes et idées, a sa transformation. Robespierre vivait à Paris ? Non, aux Jacobins, de là à l’Assemblée. Il ne connaissait qu’une rue. Le centre de Paris, ce centre actif, ingénieux, qui produit pour le monde, lui fut tout à fait inconnu. Et encore plus les masses du fau-