passait le plus aisément, de l’or et de faux assignats.
M. Pitt ne se souciait nullement d’envoyer des hommes. Il croyait, non sans raison, que la vue des habits rouges pouvait produire d’étranges effets sur l’esprit des Vendéens, créer entre eux de grandes mésintelligences, les préparer peut-être à se rapprocher des républicains.
On s’ignorait tellement les uns les autres que, par un double malentendu, Pitt croyait la Vendée girondine, et la Convention croyait que Nantes était royaliste.
Pitt s’obstinait donc. Ses messagers, à la fin d’août, puis en novembre, disaient : « Si vous êtes royalistes, si le pays est royaliste, qu’on nous donne un port comme gage et facilité de descente. »
Si les Vendéens eussent pris Nantes, ils devenaient, en réalité, les maîtres de la situation. Un si grand événement leur eût donné à la fois la mer, la Loire, plusieurs départements, un vrai royaume d’Ouest. La Bretagne royaliste eût secoué la girondine qui la comprimait, et la Normandie peut-être eût suivi. Les Anglais arrivaient alors, mais comme un accessoire utile, comme auxiliaires subordonnés.
Telles sont très probablement les raisons que fit valoir d’Elbée. Il croyait avoir dans Nantes de grandes intelligences. Le paysan connaissait Nantes. Il se portait de lui-même à cette expédition peu éloignée, bien mieux qu’à une course sur la route de Paris. Paris, si loin, si inconnu, ne disait rien à sa pensée.