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certainement mille hommes bien montés et déterminés de percer jusqu’à Paris.

Pour se faire suivre de la masse vendéenne, il n’y fallait pas songer. Le paysan avait fait un prodigieux effort en restant si longtemps sous le drapeau. Parti (la seconde fois) le 9 avril, il avait à peine, en passant de Fontenay à Saumur, revu ses foyers. Plusieurs au 9 juin se trouvaient absents de chez eux depuis deux mois ! Or, telles sont les habitudes du paysan vendéen, comme l’observe très bien Bourniseau, que : « Quand il eût été question de prendre Paris, on n’eût pu l’empêcher, au bout de six jours, d’aller revoir sa femme et prendre une chemise blanche. » Aussi Cathelineau était d’avis qu’on ne s’écartât pas beaucoup et qu’on se contentât d’Angers.

Mais les chefs généralement voulaient aller à la mer.

Lescure voulait y aller à gauche ; prendre Niort et La Rochelle.

Bonchamps voulait y aller à droite, par la Bretagne, étendre la chouannerie qui déjà avait commencé, tâter les côtes normandes, savoir si elles étaient vraiment royalistes ou girondines.

D’Elbée allait à la mer par Nantes, par l’entrée de la Loire, cette grande porte de la France. C’est l’avis qui prévalut.

Ils attendaient impatiemment les secours de l’Angleterre, et ils savaient qu’ils n’en recevraient rien tant qu’ils n’apparaîtraient pas en force sur la côte