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s’enfuirent par la ville en désordre, puis par les ponts de la Loire.

À huit heures, Goustard, voyant que la gauche était perdue et l’ennemi déjà dans la ville, entreprit de la reprendre. Il ordonna aux cuirassiers commandés par Weissen de nettoyer la chaussée qui y conduisait en prenant une batterie qu’établissaient les Vendéens : « Où m’envoies-tu ? » dit Weissen. — « À la mort », lui dit Goustard. Weissen obéit bravement, mais il ne fut point soutenu et revint couvert de blessures.

Le représentant Bourbotte se battit aussi comme un lion. Son cheval fut tué, et il était pris, si un jeune lieutenant, en pleine mêlée, ne fût descendu et ne lui eût donné le sien. Bourbotte admira le jeune homme et fut plus préoccupé de lui que de son péril. Il le trouva intelligent autant qu’héroïque. Dès ce jour, il ne le perdit pas de vue qu’il ne l’eût fait général. Six mois après, ce général, le jeune Marceau, gagnait la bataille décisive du Mans, où s’ensevelit la Vendée.

Cinq mille hommes se rendirent dans Saumur et mirent bas les armes. Mais ceux qui restaient dans les redoutes extérieures ne se rendirent pas. En vain Stofflet les attaqua avec vingt pièces de canon.

La route de Paris était ouverte. Qui empêchait de remonter la Loire, de montrer le drapeau blanc aux provinces du centre ? Henri de La Rochejaquelein voulait qu’on allât au moins jusqu’à Tours.

Les Vendéens n’avaient qu’une cavalerie misérable ; s’il en eût été autrement, rien n’eût empêché