Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prétendu évêque. Dans un acte du 1er juin, signé du nom de Lescure, on dit : « Que les curés qui n’ont pas reçu encore les pouvoirs de leurs évêques, et qui ne s’adresseront pas à M. l’évêque d’Agra, pour qu’il règle leur conduite, seront arrêtés. »

D’Elbée, Lescure et le clergé rirent Cathelineau général en chef. On nomma général de la cavalerie un séminariste de dix-sept ans, le jeune Forestier, fils d’un cordonnier de Caudron, aventureux, intrépide et d’une jolie figure.

À l’avant-garde marchait le plus souvent un autre jeune homme, cousin de Lescure, Henri de La Rochejaquelein, Monsieur Henri, comme l’appelaient les paysans. Il portait au col un mouchoir rouge ; toute l’armée en porta. C’était un jeune homme de vingt et un ans, qui avait déjà six ans de service, étant entré à quinze ans dans la cavalerie. Son père était colonel de Royal-Pologne. Le jeune homme n’avait pas émigré ; on l’avait fait capitaine dans la garde constitutionnelle de Louis XVI. Ni le séjour de Paris, ni ce détestable corps, école d’escrime et d’insolence, n’avaient changé le Vendéen. Il était resté un vrai gentilhomme de campagne, grand chasseur, toujours à cheval, fort connu des paysans.

C’était une grande figure svelte, anglaise plutôt que française, cheveux blonds, l’air à la fois timide et hautain, comme sont souvent les Anglais. Il avait, au plus haut degré, une chose bonne pour l’attaque, le mépris de l’ennemi.

Ces braves, qui nous méprisaient tant, ignoraient