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tons qui allèrent au Calvados, la Bretagne girondine resta dans son rôle héroïque ; elle fut le vrai roc de la résistance, et contre le royalisme breton qu’elle portait dans son sein, et contre l’émigration qui la menaçait de Jersey, enfin contre l’invasion vendéenne qu’elle brisa devant Nantes.

L’attaque de Nantes, fait minime si l’on considérait le nombre des morts, est un fait immense pour les résultats. L’empereur Napoléon a dit avec raison que le salut de cette ville avait été le salut de la France.

Nantes présenta de mars en juin un spectacle d’unanimité rare et formidable. Les mesures sévères, terribles, qu’exigeait la situation, furent prises par l’administration girondine et, sur la demande des modérés, exécutées énergiquement par les Girondins et les Montagnards, sans distinction. Ce fut le club girondin qui, le 13 mars, par l’organe du jeune Villenave, demanda le tribunal révolutionnaire et l’exécution immédiate des traîtres, la guillotine sur la place, de plus une cour martiale ambulante qui, parcourant le département avec la force armée, jugerait et exécuterait.

On entrevoit par ceci (et l’on verra mieux plus tard) que la France républicaine, parmi tant de dissidences extérieures et bruyantes, tant de cris, tant de menaces, conservait un fonds d’unité.

Il est curieux de voir, en opposition, combien la Coalition, si parfaitement une dans ses manifestes, était discordante, combien les Vendées, qui, pour