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Commune, à côté de Marat, reprendre son roman, horrible en un tel jour : « qu’un parti, que certaines gens voudraient faire roi un Allemand ». Si Roland et sa femme ne périrent d’un tel mot, c’est un miracle, un pur hasard.

Mirabeau avait dit sur lui cette parole profonde : « Tout ce qu’il a dit, il le croit. » Avec cette faculté, d’être si crédule à soi-même, de respecter et suivre toute ombre qui traverse l’esprit, de lui donner corps, consistance, il n’avait nul besoin de mentir et d’être hypocrite. « Il croyait tout ce qu’il disait. »

Mal très contagieux. C’est le mal jacobin. Et c’est ce qui rendit la société stérile et d’esprit négatif, moins propre à l’action. Elle n’agit guère au 10 août, ni pour créer la république, et encore moins dans le mouvement de la guerre. Elle est toute dans l’accusation. Accuser, toujours accuser ! Rien de plus triste. C’est ce qui, pour beaucoup, fit la Révolution de bonne heure ennuyeuse. En décembre 1792, Marat et la Gironde gémissent déjà sur l’absentisme de Paris. Dans une section de quatre mille citoyens, vingt-cinq forment l’assemblée… « Et dix agitateurs font tout ; le reste se tait et vote. » C’est bien pis en 1793 ; aux plus grandes élections, même par menace et terreur, on ne peut réunir plus de cinq mille votants dans cette ville de sept cent mille âmes. En 1794, le désert serait absolu, si l’on ne salariait les comités de sections. Il est curieux de voir nos historiens robespierristes nous dire : « Il y eut un grand mouvement ; Paris faisait ceci,