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forces girondines de Bordeaux, d’Évreux, de Marseille, les décisions menaçantes de plusieurs départements contre la Convention, etc.

La Montagne, les Jacobins, les meilleurs patriotes, se trouvèrent ainsi dans ce qu’on peut appeler un cas d’ignorance invincible. Il était presque impossible de ne pas croire que les faits qui arrivaient en même temps fussent sans liaison entre eux. Le soir du 12, quand Robespierre annonça aux Jacobins la défaite de Saumur, qui mettait les Vendéens sur la route de Paris, la fureur fut extrême, mais contre les Girondins, contre la droite de la Convention. L’honnête et aveugle Legendre dit qu’il fallait arrêter, détenir comme otages, jusqu’à l’extinction de la Vendée, les membres du côté droit.

Un Montagnard très loyal et franc comme son épée, le vaillant Bourbotte, envoya de l’Ouest une preuve qu’un des Girondins était royaliste. On conclut que tous l’étaient.

Les Girondins retirés dans le Calvados, Pétion, Buzot, etc., brisés par les événements, usés, blasés et finis, se laissèrent dominer par les gens du Calvados. Ceux-ci avaient pris pour chef militaire un royaliste constitutionnel, le général Wimpfen. Louvet, plus clairvoyant, avertit Buzot, Pétion, leur dit que cet homme était un traître et un royaliste. Ils répondirent mollement qu’il était homme d’honneur et que, seul, il avait la confiance des troupes et des Normands. Wimpfen se démasqua bientôt, parla d’appeler les Anglais. Les Girondins refusèrent,