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Rien ne fut plus touchant que de voir à une fête des Champs-Elysées les canonniers de Paris, ce corps montagnard s’il en fut, verser des larmes au moment de partir pour le Calvados : « En vain, disaient-ils, on voudrait nous inspirer la haine contre les autres citoyens de la France… Ce sont nos frères, ils sont républicains, ils sont patriotes… S’ils marchent vers Paris, nous irons au-devant d’eux, non pour les combattre, mais pour les embrasser, pour jurer avec eux la perte des tyrans et le salut de la patrie. »

Les Montagnards en mission, qui voyaient l’état des départements, furent accablés de la nouvelle du 2 juin.

Carnot protesta.

Le jurisconsulte Merlin (de Douai) écrivit à la Convention son opinion sur cette violation du droit national et sur le danger où elle mettait la France. Cette adresse fut signée de Gilet, Sevestre, Cavaignac.

Lindet à Lyon, Treilhard à Bordeaux, n’essayèrent pas de justifier l’événement ; ils dirent seulement que, dans la situation de la France, il fallait accepter le fait accompli et se rallier au seul centre possible, à la Convention.

Beaucoup de citoyens de Paris s’offraient comme otages pour rassurer, calmer les départements.

Danton s’offrait de nouveau, et d’autres. Couthon même s’offrit.

Deforgues, agent de Danton, avait été de bonne heure dans le Calvados s’entendre avec Prieur et