L’autre député, Prieur, mathématicien, comme Romme, et officier de génie, illustre comme fondateur de l’École polytechnique, fut le second de Carnot dans la défense de la France. Comme lui, il était député de la Côte-d’Or ; comme lui, il avait l’âme généreuse du pays des bons vins, des cœurs chaleureux. Je croirais volontiers reconnaître sa main dans une adresse touchante que la Côte-d’Or adressa aux départements girondins : « Non, vous ne prendrez pas les armes ! vous ne persisterez pas dans l’aveugle mouvement où vous pousse le délire de la liberté… Tremblez des crimes où l’amour même de la patrie peut porter la vertu… S’il était vrai que les paroles fraternelles de vos amis de la Côte-d’Or ne pussent arrêter cet élan de guerre, ils iront au-devant de vous, sans armes, et vous diront : « Frappez ! … Avant d’immoler la patrie, immolez-nous… « Si nous apaisons votre fureur, nous aurons assez « vécu. »
Cet appel de fraternité partait de Dijon, du pays le plus montagnard de la France. Et c’était le cri de la France même. Les Cordeliers, si violents, mais sensibles aux grandes choses, avaient vivement applaudi la motion suivante que fit un des leurs : « Je propose que trois mille des nôtres marchent à la rencontre de nos frères des départements qui viennent contre Paris, mais sans armes, pour les embrasser ! »
La section de Bondy déclara qu’elle irait aussi, mais avec un juge de paix et une branche d’olivier.