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3o Cette guerre, il la fallait rapide et offensive, il fallait qu’elle prît les devants sur les rois. Et alors, dit Cambon fort sagement, elle n’eût pas été ruineuse ; elle se fût nourrie et payée. En l’ajournant, on l’eut, mais défensive, dit le grand financier ; on l’eut à ses dépens.

Robespierre traîna tant, balança, énerva tellement le parti de la guerre, qu’enfin la Prusse entra, l’ennemi vint chez nous, la guerre fut défensive. De là l’affreuse panique, la fureur de septembre contre l’ennemi du dedans, contre les prisonniers qui chantaient la victoire des Prussiens. Funeste événement qui nous aliéna l’Europe, rendit la guerre terrible au dehors, cruelle au dedans, où les réquisitions excessives qu’elle exigeait ne purent être levées que par la terreur jacobine.


Sous la Convention, les Jacobins déjà sont à leur troisième âge. Aux fondateurs (Duport, Lameth) ont succédé les seconds Jacobins, des écrivains en partie girondins, tels que Brissot. Les troisièmes succèdent, moins lettrés et de moindre étoffe, plusieurs artistes ou artisans, tels que le maître menuisier chez qui fort habilement Robespierre élut domicile.

Ce club, vraiment de Robespierre et sa propriété, partit de la funeste idée que son chef posa en septembre, que le peuple pouvait pendant la Convention même lui révoquer, lui biffer ses décrets, révoquer les représentants et les destituer. Pauvre Assemblée : avant d’être faite, elle était défaite