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excessive qui, en réalité, dispensait réellement le propriétaire de l’emprunt forcé. Par cette loi, la Convention exempta de l’emprunt forcé ceux qui avaient moins de dix mille livres de rentes, c’est-à-dire à peu près tous les propriétaires. Il n’y avait guère au-dessus que des fortunes d’émigrés, qui, devenues biens nationaux, étaient hors de la question, ou des fortunes de banquiers, la plupart étrangers, et partant insaisissables. Il n’y avait pas alors cette foule de grandes fortunes qui se sont faites depuis par l’industrie, le commerce ou l’usure.

Cette proposition d’excepter véritablement tout le monde était un ménagement habile et politique, mais véritablement excessif, pour la propriété. Car enfin dix mille livres de ce temps-là font quinze mille d’aujourd’hui. Nombre de ces exemptés qui avaient moins de dix mille livres de rentes étaient cependant des gens fort aisés. Et il était à craindre qu’en n’exigeant rien que des gens plus riches, on ne trouvât personne sur qui lever le milliard. Du reste, rien n’était plus capable de ramener la bourgeoisie, de la rallier à la constitution, de briser et dissoudre le parti girondin, composé en partie des gens aisés que l’on épargnait.


Résumons.

Par sa constitution, par cette loi favorable à la propriété, par l’ajournement du grand épouvantail (l’armée révolutionnaire), Robespierre devenait l’es-