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det, la vivacité bordelaise, provençale, lui furent intolérables. Mais ce qui fut bien pis, ce fut ce mouvement merveilleux, imprévu, la France lancée dans la croisade, l’immense fabrication des piques, les armes forgées sur les places, données à tout le peuple, l’audace, la confiance juvénile de cette Gironde. Tout cela lui fut odieux.

Comment accuser la Gironde à ce moment, dire qu’elle est liée à la cour le jour même où elle démasque la cour dans son Comité autrichien ? Qu’oppose Robespierre ? Un pur roman, l’entente prétendue du roi avec ceux qui le détrônent. Les Jacobins, si défiants, étaient donc une race bien crédule pour avaler un tel tas de sottises ? Leur foi en Robespierre était-elle donc si idiote ? Ou bien faut-il penser qu’ils avaient intérêt à croire aveuglément ? Quoique très sincères patriotes, ce n’était pas sans peine qu’en cet élan universel ils voyaient s’affaiblir l’ascendant despotique des mille sociétés jacobines.

Sur cette question de la guerre, que nos robespierristes d’aujourd’hui embrouillent autant qu’ils peuvent, nous répondrons trois choses : 1o La cour en avait peur, une effroyable peur, loin de la désirer, comme le dit faussement Robespierre. C’est ce qui est prouvé, avoué aujourd’hui par tous les royalistes. 2o Une guerre de croisade pour la délivrance des peuples, guerre désintéressée de l’idée de conquête, guerre purement révolutionnaire, eût été reçue et aidée de ceux qu’on aurait envahis.