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électoraux de Jacobins, aristocratie sans-culotte, non moins redoutable que l’autre. »

Il aurait fallu pouvoir être franc, pouvoir dire que, dans la mobilité infinie des partis, on ne reconnaissait de sol ferme où l’on pût mettre le pied que la société jacobine, qu’en ce moment tout, excepté elle, fuyait et fondait.

Pour faire avaler au peuple cette résurrection du pouvoir exécutif, la constitution de 1793 lui fait une belle, grande et magnifique promesse, celle de le faire voter lui-même sur toutes les lois. Le Corps législatif ne fait que les proposer.

C’est le plus complet hommage qu’on ait jamais rendu au peuple, la concession la plus large qu’on ait faite nulle part à l’instinct des masses illettrées. On suppose que, sur les sujets les plus délicats, les plus spéciaux, les plus difficiles, la simple lumière naturelle suppléera à tous les secours de la science.

Mais ce magnifique don fait à peine au peuple, on le lui reprend en réalité. Ce vote sur toutes les lois devient illusoire :

« Quarante jours après la proposition de la loi, si, dans la moitié des départements, le dixième des assemblées primaires n’a pas réclamé, le projet devient loi. »

Ainsi : Qui ne dit rien consent. Il est indubitable que pour les lois qui règlent des questions difficiles (telles sont la plupart des lois dans une société telle que la nôtre, d’intérêts si compliqués), les