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violation de l’Assemblée, ils n’y voulurent pas compromettre directement la grande société, amie de l’ordre et des lois.

Il en résulta une chose, c’est que, les Cordeliers étant écartés, les Jacobins s’effaçant, la Convention étant brisée, la Commune dominée, le jeune comité central n’ayant aucun poids, l’autorité ne fut nulle part.

Était-elle rentrée dans le peuple, à sa source naturelle ? Nullement : les sections étaient muettes et bridées. Leurs comités révolutionnaires les avaient domptées, subjuguées. — À vrai dire, qu’auraient-elles fait ? Comme le parti girondin, auquel elles appartenaient en grande majorité, elles résistaient, voilà tout ; mais elles ne voulaient rien. Elles n’auraient rien fait que prolonger l’impuissance et l’inertie qui étaient la mort de la France.

Ces comités révolutionnaires, minorité si minime, imperceptible, dans l’océan des sections qu’ils menaient et terrorisaient, étaient violents en proportion de leur extrême faiblesse, prodigieusement défiants ; décidés à sauver eux-mêmes la patrie, sans se remettre à personne, ni consulter le pouvoir central, ils traitaient fort légèrement le comité insurrectionnel.

Tout ceci est parfaitement mis en lumière par un fait, l’arrestation de Prudhomme, le célèbre imprimeur des Révolutions de Paris.

Prudhomme, véritable marchand, avait regardé toute sa vie la girouette de l’esprit public et s’y