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vait ne furent prises que trois mois après son expulsion.

Le premier Comité de salut public existait à peine. Le second commença le 10 juillet, n’agit qu’en septembre, ne se compléta qu’en novembre. Il fut très longtemps inactif. Ce que témoignent ses registres que j’ai sous les yeux. Notre situation militaire particulièrement alla empirant jusqu’à la fin d’août.

Le 2 juin avait offert un spectacle singulier : une victoire sans vainqueur.

Où était la force ?

Elle n’était pas dans la Convention, qui faisait des lois pour la France, mais qui n’eût osé donner un ordre au général Henriot.

Elle n’était pas dans Robespierre qui, le 2, s’était vu un moment réduit à trente fidèles, lorsque toute l’Assemblée sortit de la salle.

Était-elle dans la Commune ? Généralement on le croyait. La Montagne le croyait. Le soir du 3, des Montagnards, rencontrant aux Jacobins un homme de la Commune, lui dirent avec amertume : « C’est donc vous qui êtes rois ? »

Il était visible pourtant, et très positif, que la Commune était traînée plutôt qu’elle ne marchait, qu’elle suivait, bon gré mal gré, le comité d’insurrection.

La force était donc dans ce comité ? Il se composait de neuf jeunes gens, alors inconnus, Rousselin, Auvray, etc. Ces rois imberbes étaient-ils réellement reconnus et obéis, comme les vrais vain-