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parfaitement qu’elle était inexécutable, mais on n’en croyait pas moins que cette puissante formule, par une sorte de vertu magique, opérerait le salut.

La population parisienne, section par section, venait, avec des musiciens, au sein de la Convention, apporter son acceptation, jeter des fleurs, chanter des hymnes, comme les Israélites qui chantaient, dansaient devant l’Arche.

Le plus merveilleux, c’est que l’ennemi ne profita pas de cette absorption de la France, uniquement occupée d’elle-même, de sa dispute intérieure et de sa réconciliation.

Elle resta ainsi trois mois sans gouvernement ni défense, à la garde d’une idée, ferme dans sa foi scolastique, n’opposant rien aux dangers, au menaçant accord du monde, que la formule abstraite de la démocratie.


§ 2. — ABSENCE DE TOUT GOUVERNEMENT (JUIN 1793).


Un meneur du 31 mai avait dit avant l’événement :

« Rappelez-vous le 10 août ; le coup fait, tout s’est tu… Eh bien, cette fois encore, la France subira les faits accomplis. » Inexact rapprochement entre deux faits si dissemblables : au 10 août, la France prit un mouvement immense, le plus grand qui fut jamais ; au 2 juin, elle resta frappée d’une fatale inertie.

Les mesures révolutionnaires que la Gironde entra-