ordres de leur ministre Roland, et ne surent point résister aux familles d’émigrés, qui, par de faux certificats, obtenaient sans difficulté la mainlevée des saisies, rentraient dans leurs biens.
Elle ne soutint pas l’assignat, n’osant punir les mauvais citoyens qui refusaient la signature de la France en péril. De là un double fait contraire, cruel, meurtrier pour le peuple. Le salaire ne montait pas, les denrées montaient. En juillet, un misérable litron de haricots secs se vendait près de trente sols.
Elle ne saisit pas, du moins, la ressource de l’emprunt forcé, dans l’heureuse combinaison qu’avait proposée Cambon, et laissa tomber la chose aux mains des comités révolutionnaires.
La Montagne, pour ressource contre l’Europe conjurée, contre un ennemi si près, qui d’un moment à l’autre pouvait tomber sur Paris, la Montagne avait en caisse deux projets ! et deux feuilles de papier… Le décret du milliard de l’emprunt forcé et le décret d’une fabrication nouvelle d’un milliard d’assignats.
Mais, pour lever cet emprunt, pour réorganiser les armées, pour remettre quelque unité dans ce chaos immense, pour imposer aux départements cruellement irrités de l’injure qu’on leur faisait, il fallait un gouvernement.
Et là s’ouvrait, aux yeux de la Montagne, un abîme sous l’abîme… C’est que les remèdes semblaient aussi cruels que les maux.