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blée, l’équivoque rédacteur dit : « J’ai rendu compte de la généralité des faits, de sorte qu’on voie dans quel état la Convention a délibéré. » L’Assemblée s’en contenta ; muette et sombre, elle passa brusquement à l’ordre du jour. Elle était déterminée à ne point se croire insultée, à s’occuper de la France et non d’elle-même.

La situation était presque désespérée en avril. Or, qu’était-ce donc en juin !… On ne marchait pas vers l’abîme ; on y était, on y plongeait. Un mot suffit pour en juger. Il fallait au moins six mois pour retrouver des ressources, créer un gouvernement, réorganiser les armées. Et il fallait trois jours à la cavalerie hongroise pour venir de Valenciennes et faire manger ses chevaux dans la Convention.

Pourquoi l’armée anglo-autrichienne, qui était à cinquante lieues, ne vint-elle pas à Paris ? Il n’y en a qu’une raison, c’est qu’elle ne le voulut pas. Elle voulait prendre des places et non refaire un roi de France.

Là apparut dans sa grandeur le crime de la Gironde, le crime d’avoir disputé trois mois en présence de l’ennemi ! On ose à peine sonder des yeux le profond néant où elle laissait le pays. Elle n’avait rien fait elle-même, ni rien laissé faire.

Elle n’avait pas su exiger l’impôt. L’arriéré montait toujours ; on revint aux temps barbares ; il fallut demander l’impôt en denrées (septembre).

Elle n’avait su vendre les biens d’émigrés. Les administrations girondines résistèrent invinciblement aux