Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

concentrée, qui permet de le voir à jour, de part en part. Jamais peut-être sur aucun fait historique on n’a pu réunir un tel faisceau de rayons.

Il sort, dès aujourd’hui, ce grand fait, des vaines disputes ; il entre dans la lumière de l’histoire et de la justice.

Deux choses resteront établies par ces derniers chapitres et par tout ce volume :

La politique girondine, aux premiers mois de 1793, était impuissante, aveugle ; elle eût perdu la France.

Les Girondins, personnellement, furent innocents. Jamais, ils ne songèrent à démembrer la France. Ils n’eurent aucune intelligence avec l’ennemi.

En terminant ce dur travail, ce livre amer où nous avons laissé des larmes ? non, mais des lambeaux du cœur, un regret nous saisit, une crainte : d’avoir été injuste, à force de justice.

Acharné à ce grand procès, le suivant pied à pied, craignant de l’obscurcir, nous avons écarté les nobles et grandes discussions qui s’y mêlaient sans cesse. La face sombre du temps apparaît seule et la lumière est ajournée.

Proclamons-le ici, et que personne ne s’y trompe. Les monuments de cette époque, quelle qu’en soit la violence barbare ou la forme grossière, témoignent tous d’un caractère élevé, digne de ce grand siècle : le culte de l’idée, la foi vive à la Loi. Qu’on l’écrive cette loi, et tout sera sauvé, c’est leur croyance à tous. Au milieu même des mouvements terribles des derniers jours de mai, les Jacobins à Bonconseil,