Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait été au jardin prendre quelques moments de repos, puis, invitée par le peuple, était rentrée en séance. » La section de Bonconseil se montra infatigable. Toute la nuit, par ses députés, elle visita les quarante-sept autres sections de Paris, et leur offrit à chacune « le baiser de fraternité ».

Que le lecteur nous excuse d’avoir raconté dans un si grand détail ces tristes événements. Nous le devions. Aucun fait n’a eu une portée si grave. Le 2 juin 1793 contient en lui et Fructidor et Brumaire, tous les coups d’État qui suivirent. Nous le devions. Ce grand fait, conté tant de fois, écrit par des mains éloquentes, objet (aujourd’hui et toujours)’d’une controverse de partis, n’en était pas moins resté, osons le dire, vraiment ignoré, incompris.

Et c’est ce qui permettait une controverse éternelle. On copiait plus ou moins habilement les journaux, les mémoires, qui donnent très inexactement quelques traits extérieurs de l’événement, et qui ne disent pas un mot des faits décisifs, du drame intérieur qui se jouait en dessous.

Un témoignage irrécusable subsistait pourtant de ce drame, et dans des actes authentiques, spécialement dans les procès-verbaux des quarante-huit sections.

Chacun de ces actes est très court, obscur pour qui n’en voit qu’un seul. Tous ensemble, ils se complètent, s’éclaircissent, se contrôlent les uns les autres ; ils portent sur l’événement une lumière