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aux sections voisines que chacune lui envoyai huit commissaires pour aider au désarmement et à l’arrestation des suspects. Aux Droits-de-l’Homme (le plus pauvre quartier du Marais), on fit faire la liste des sans-culottes armés, pour les payer sur-le-champ. À la section de Grenelle, on démentit d’abord l’arrestation des députés ; puis on dit qu’ils n’étaient arrêtés que jusqu’au rapport du Comité de salut public. Ailleurs on racontait avec emphase la dignité avec laquelle le peuple souverain avait accompli le mouvement. La Convention avait promis, pour le 10 août, une Fédération générale. Ce seul mot, qui rappelait un temps de paix et d’espérance, ne manquait pas d’être accueilli avec applaudissements.

On colporta aussi de section en section une parole qu’on trouvait sublime. Un sans-culotte aurait dit à un député effrayé qui tenait un pistolet : « Tu as beau faire, tu n’auras pas seulement une égratignure. » Plusieurs trouvaient en effet quelque consolation à songer qu’après tout, dans ce grand mouvement de quatre jours, le sang n’avait pas coulé. On en concluait que septembre pétait désormais impossible, on admirait l’adoucissement des mœurs et l’on s’efforçait d’espérer.

Avec tout cela, les Jacobins n’étaient nullement rassurés. Sortis malgré eux du plan de l’insurrection morale, obligés de recourir à la brutalité des moyens de l’Évêché, ils étaient inquiets et tristes. Les sections jacobines allèrent tâter les autres, les raffermir, leur conter l’événement : « comment la Convention