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de députés entourèrent le secrétaire, Durand de Maillane, rédacteur du procès-verbal, pour lui faire consigner leurs protestations contre la violence exercée sur l’Assemblée. Le très prudent secrétaire les fît signer, mais sur une feuille volante ; « ce qui fit plaisir à plusieurs, dit-il malicieusement ; quand ils virent le parti de Robespierre prendre plus de consistance et de force, ils me prièrent de brûler la feuille où étaient leurs signatures. » Durand fit plaisir à tous, aux vaincus en détruisant leur protestation, aux vainqueurs en les laissant falsifier son procès-verbal, effacer toute trace de violence subie par la Convention.

Avant la fin de la séance, une députation, qui prétendait être l’organe du peuple entier de Paris, vint remercier l’Assemblée et offrit de constituer des otages en nombre égal à celui des députés arrêtés. « J’accepte, dit Lanjuinais, pour empêcher la guerre civile. « — Mais Barbaroux refusa, se remettant généreusement à la loyauté de Paris.

Il était dix heures du soir. Hérault avait disparu. Mallarmé fut obligé de reprendre le fauteuil pour lever la séance. La Montagne s’écoula. La droite voulait en faire autant par la porte qui était de son côté. Cette porte était consignée. Les représentants, repoussés dans la salle, s’adressèrent au président, qui, abîmé dans la honte et le nez dans ses papiers, dit au hasard : « Je ne me mêle pas de cela. » Un huissier effectivement indiqua l’autorité supérieure qui tenait l’Assemblée captive : « On est allé, dit-il,