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Henriot. Le quartier de la rue Mouffetard (section des Sans-Culottes) l’avait pris pour capitaine. Dans la nuit du 31 mai, l’Évêché le fît général, pour cette seule considération que c’était en quelque sorte le successeur de Lazouski, un homme dont le quartier le plus pauvre était engoué.

Il y avait cependant à cela un inconvénient, c’est que ce grand aboyeur n’était qu’une voix, en réalité. Du reste, une tête de bois, absolument vide ; l’eau-de-vie seule lui donnait l’attitude et les paroles. Aux grands jours qui demandaient de la présence d’esprit, Henriot avait soin d’être ivre ; il fut presque ivre au 2 juin, ivre au 9 thermidor. Dans cet état, le général devenait vraiment dangereux ; disant indifféremment non pour oui et oui pour non, il pouvait faire des malheurs sur ses amis mêmes. Au 2 juin, sa section, qui lui était fort dévouée, lui envoyant un orateur, il l’insulta grossièrement. Un tel homme, à la tête de cent cinquante bouches à feu, pouvait, en se trompant d’ordre, foudroyer impartialement la Montagne et la Gironde.

Hérault et la Convention sortent en masse du pavillon de l’Horloge, et tournant un peu à leur droite, se trouvent en face d’Henriot. La troupe de celui-ci, quoique choisie tout exprès, était loin d’être unanime ; plusieurs criaient : Vive la Montagne ! Mais plusieurs, sans distinguer, criaient : Vive la Convention !

Le pourparler s’engage entre les deux mannequins, le président et le général.