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Mallarmé avait quitté la présidence, quand il vit l’Assemblée prisonnière. On y poussa Grégoire, qui refusa, alléguant qu’il était malade, et peut-être se souciant peu, comme prêtre et comme Montagnard, de se mettre au fauteuil pour défendre les Girondins. A son défaut, on y porta le dantoniste Hérault de Séchelles, l’homme de la nuit du 27 mai, l’homme faible, le pompeux acteur, qui servait aux lâchetés. Il descend majestueusement, se met à la tête de la Convention ; le centre le suit. Le jeune Meillan, qui le matin conseilla si mal la Gironde, descend le premier de la droite ; elle suit, au nombre d’environ cent députés. La Montagne restait immobile. Des tribunes on lui criait (les femmes surtout, avec les prières les plus instantes et s’élançant à mi-corps) : « Il y a danger, ne bougez pas. » Les Montagnards jacobins et les maratistes, une trentaine de députés, suivirent cet avis, restèrent. Mais la masse des Montagnards, honnêtes et loyaux ennemis, ne purent voir leurs adversaires, les députés de la droite, s’en aller ainsi tout seuls à la bouche des canons. Ils quittèrent aussi leur place, allèrent se ranger près d’eux, résolus de partager leur sort.

Il y avait péril en réalité. La garde nationale, immense et paisible, se voyait au loin, à perte de vue, quatre-vingt mille baïonnettes armées pour la Convention. Mais il n’y avait pas moyen d’entrer en communication avec cette grande armée d’amis. La cour, dans son étroite enceinte de planches, le jardin, spécialement du côté du pont tournant, étaient