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Marat désapprouva la mesure proposée par le Comité : « C’est donner aux conspirateurs les honneurs du dévouement. Il faut être pur pour se sacrifier… À moi de me dévouer, à moi, vrai martyr de la liberté ! Suspendez-moi pourvu que vous arrêtiez les conspirateurs. Seulement il faut ajouter à la liste Valazé et Fermont, rayer Ducos qui n’a eu que quelques erreurs, le vieux radoteur Dussaulx, Lanthenas, un pauvre d’esprit… »

Billaud-Varennes : « La Convention n’a pas le droit de proposer la suspension. S’ils sont coupables, qu’ils soient décrétés d’accusation, et par appel nominal… »

Il fut interrompu par une violente rumeur qui se fit aux portes. Déjà un peu auparavant, pendant que Levasseur parlait, quelques membres avaient voulu sortir et ne l’avaient pu. On avait fait venir le commandant du poste : « Ce ne sont que des femmes, dit-il ; elles témoignaient le désir qu’aucun député ne sortît… Mais elles ont entendu raison. »

L’Assemblée s’était contentée de cette première explication. Mais, cette fois, il n’y eut plus moyen de douter ; elle était vraiment prisonnière. C’était l’heure ordinaire du dîner à cette époque. Les députés, enfermés dès le matin, éprouvaient tous le besoin de prendre quelque nourriture. Le Girondin Duperret voulut sortir et ne le put. Des représentants de la droite, le vénérable Dussaulx, fut repoussé, rudement heurté ; il rentra, avec l’indignation d’un vieux militaire sur qui on a mis la