Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mystique, il entrait, dès ce jour, dans l’affaissement et le repentir, dans le suicide moral.

Fauchet, qui fut toujours chrétien, qui se confessa et communia à la mort, accepta aussi sa dégradation.

Le bon vieux Dussaulx, qui, depuis septembre, avait le cœur brisé, saignant, offrit sa démission.

Lanthenas, l’ami de Roland, montra plus que de la faiblesse ; il eut le tort de parler, non pour lui seulement, mais pour les vingt-deux, qui ne l’en chargeaient nullement ; il dit en leur nom : « Précipitons-nous ; comblons, s’il se peut, l’abîme… »

Barbaroux fut admirable de courage et de résignation : « Comment me croirais-je suspect, quand je reçois de trente départements, de cent sociétés populaires, des témoignages de confiance ?… N’importe, si la Convention croit ma suspension nécessaire, j’obéirai au décret. »

« Pour moi, dit Lanjuinais, j’ai montré assez de courage et d’énergie pour que vous n’attendiez de moi ni démission ni suspension. »

Des cris de mort partaient des tribunes et d’un coin de la Montagne. L’aigre voix du capucin Chabot s’entendait par-dessus les autres, avec de sales injures contre Barbaroux. L’indignation éleva Lanjuinais au-dessus de sa nature ; il rencontra le sublime ; il dit ces propres paroles : « Je dis au prêtre Chabot : On a vu, dans l’Antiquité, orner les victimes de bandelettes et de fleurs ; mais le prêtre qui les immolait ne les insultait pas… »