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à la section : Que l’insurrection était trahie par ceux qui l’avaient préparée. — Que serait-il arrivé s’il eût été sur la place, au milieu de la force armée, répétant les mêmes injures ?

Ce pas, véritablement hardi, de l’arrestation d’un chef de l’Évêché par les Jacobins (un des deux partis de l’insurrection emprisonnant l’autre !) fut-il hasardé par eux sans l’aveu de Robespierre ? Nous ne pouvons le penser. Il n’y a pas dix minutes pour un courrier à cheval de l’Hôtel de Ville aux Tuileries. Lhuillier, dans ce moment, dictateur à l’Hôtel de Ville, comme chef des Jacobins, consulta certainement son maître sur l’arrestation de Gusman, et il en reçut, pour Henriot qu’il dirigeait, la consigne que paraissait nécessiter l’attitude imprévue de la Convention.

Au moment où le président, le Montagnard Mallarmé, avait fait cette réponse ferme : « Il faut prouver ; il faut juger », on avait essayé assez maladroitement de terroriser l’Assemblée ; quelques hommes dans les tribunes s’étaient avisés de crier : « Aux armes ! » Puis un député de la droite, ou effrayé ou gagné, avait dit sur un ton pleureur : « Sauvez le peuple de lui-même ! sauvez vos collègues ! décrétez leur arrestation provisoire ! »

Cette faiblesse ou cette momerie arracha à l’Assemblée un vif mouvement d’indignation. — Non seulement le centre et la droite, mais une partie de la gauche, la Convention presque entière se leva, poussa ce cri : Non !