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L’argument que le Comité de salut public pouvait faire valoir à l’Hôtel de Ville (et qu’il présenta peu après à la Convention), c’est que ce comité révolutionnaire se composait en partie d’étrangers, des Gusman, Proly, etc. Ce mot étrangers, qui sonnait alors comme celui d’agents de Pitt, eut un effet miraculeux. Le maire Pache, qui était Suisse, avait à craindre pour lui-même. Il était naturel qu’il fit bon marché des hommes de l’Évêché et se rangeât aisément du côté des Jacobins.

Donc l’Hôtel de Ville obéit. Le conseil général arrête que le comité révolutionnaire ne comprendra que les neuf nommés par le Département à la salle des Jacobins. Le département, c’était Lhuillier, et Lhuillier, c’était Robespierre. Les neuf pouvaient, s’ils voulaient, se donner quelques adjoints.

Loin de prendre pour adjoints les hommes de l’Évêché, les Jacobins tout d’abord mirent Gusman en arrestation. Ce fait étrange est attesté dans le procès-verbal de la section de Gusman (celle de la place Vendôme), qui, vers une heure, apprit qu’il venait d’être arrêté.

Lui-même dit qu’on l’arrêta pour avoir présenté une grande mesure de salut public. — Quelle mesure ? Le massacre d’une partie de la Convention ? l’expulsion et l’arrestation de l’Assemblée tout entière, à laquelle on substituerait comme assemblée souveraine la Commune de Paris ? On peut soupçonner l’un ou l’autre. Ce qui n’est pas moins vraisemblable, c’est qu’il répéta le 2 juin ce qu’il avait dit le 31 mai