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Et alors, avec l’obstiné courage de sa dure tête bretonne, sans faire la moindre attention aux cris de fureur, aux menaces qu’on lui jette à chaque mot, il dit à la Convention son avilissement, sa misère… Prisonnière depuis trois jours, serve d’une puissance rivale qui la tient au dedans par ses salariés, au dehors par ses canons, qu’a-t-elle fait pour sa dignité, pour l’intégralité de la représentation nationale ? « Quand l’autorité usurpatrice venait vous reproduire cette pétition traînée dans la boue des rues de Paris… (cris violents : Il a insulté le peuple !…) Non, je n’accuse point Paris ! Paris est pur ! Paris est bon ! mais enfin il est opprimé, il est l’instrument forcé des tyrans… »

« Misérable ! dit Legendre, tu conspires à la tribune. » Et il courut à lui, faisant le geste du merlin pour assommer.

Lanjuinais (dans son récit du 2 juin) dit qu’il lui jeta ce mot : « Fais décréter que je suis bœuf ; alors tu m’assommeras. »

Legendre, Thureau, Drouet, Chabot et Robespierre jeune lui appliquèrent à la poitrine le canon de leurs pistolets. Plusieurs députés de la droite accoururent, armés aussi, et le dégagèrent.

Il reprit intrépidement, conclut que la Convention devait casser les autorités révolutionnaires, mettre hors la loi ceux qui s’arrogeraient un tel pouvoir et permettre de leur courir sus.

Elles entrent, ces autorités, à ce moment même, avec leur pétition ; elles parlent en souveraines.