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Robespierre, qui le fit aussi nommer juré de ce même tribunal.

Évidemment le flot montait plus que ne voulait Robespierre. Le plan de Gusman et de ses amis (consenti par la Commune) semble avoir été de former à l’évêché des réunions fréquentes des commissaires de sections, une assemblée quasi permanente, une contre-Convention, qui pût, au besoin, briser l’Assemblée nationale. Robespierre vit d’abord avec inquiétude se créer cette force anarchique. Puis l’entraînement des événements l’obligea, comme on verra, de composer avec elle, de s’en aider pour mutiler la Convention, pour en arracher la Gironde.

Il était loin de le prévoir au moment où nous sommes (12 octobre). Il crut utile de frapper ces exagérés par la voix de Couthon et l’improbation des Jacobins.

Couthon était fort courageux. Il ne craignit pas de professer une théorie d’équilibre. Il dit qu’en face des intrigants de la Gironde qu’il fallait perdre au plus tôt, il y avait aussi des exagérés qui tendaient à l’anarchie. Les Jacobins, à toute époque, s’étaient flattés d’être les sages et les politiques de la Révolution, d’en tenir la haute balance. Couthon entrait dans leur idée ; il leur montrait en eux-mêmes l’équilibre de la Montagne, de la Convention, de la France, c’est-à-dire du monde. La question élevée ainsi, tous furent saisis d’enthousiasme. Les dantonistes mêmes, quoique peu satisfaits de la société, cédèrent à l’élan. Thuriot appuya Couthon : « Nous nous