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vité peu commune, immobile par infirmité (il était paralytique), d’une voix toujours très douce, d’un caractère âpre et fort, et d’une force contenue. On ne parlait guère de lui sans dire : « le respectable Couthon ». Pour faire un pas dangereux, on ne pouvait le faire par un homme plus estimé dans la société.

Il faut savoir que Robespierre, en poursuivant la Gironde, sentait derrière lui, dans le dos, un parti ardent, violent, qui peut-être lui serait plus dangereux que la Gironde. Je parle de la Commune, où s’était logée la fraction la plus violente des Cordeliers, Hébert, Momoro, Chaumette. Derrière la Commune elle-même, venaient d’étranges figures d’agitateurs équivoques, le prêtre Roux, une bête sauvage qui hurlait aux Gravilliers, le petit Varlet, tribun du ruisseau, dont nous parlerons tout à l’heure, un certain Gusman, Espagnol, qui se disait grand d’Espagne. Gusman était militaire, il était venu mettre son épée au service de la liberté ; très puissant dans les faubourgs, on l’avait toujours vu à la tête des mouvements, dépassant de loin les plus furieux en violentes motions ; plusieurs le soupçonnaient d’être un agent étranger.

Ce dangereux personnage fut nommé, au 1er octobre, président de la section des Piques (place Vendôme), section de Robespierre, où siégeaient pourtant plusieurs hommes tout à fait à lui, Lhuillier, qu’il portait à la mairie de Paris, Dumas, son futur président du tribunal révolutionnaire, Duplay, hôte de