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sur le refus du roi, le ministère girondin s’était retiré ? Qui ne savait que les fédérés du 10 août, ceux de Marseille du moins, avaient été embauchés, amenés par les Girondins Rebecqui et Barbaroux ? Au moment même, en octobre, la Gironde faisait venir à Paris les fédérés des départements, que les Jacobins repoussaient.

Quelles étaient les dispositions de la Convention, de la grande masse, du centre ? Elle ne s’émouvait pas trop du coup frappé sur la Gironde. Comme une bande d’écoliers sournois, elle s’amusait de voir son précepteur et pédagogue, Brissot, fouetté lui-même aux Jacobins. Ce qui lui plaisait beaucoup moins, c’était l’excommunication que ceux-ci avaient lancée contre une réunion mixte de deux cents députés de toute nuance, et Montagnards même, leur interdisant en quelque sorte de s’assembler près d’eux, à la porte du saint des saints. Qu’était donc cette société, recrutée si légèrement, qui, sans mission ni titre, jugeait la Convention, les représentants élus de la France avec pouvoir illimité ? Quel était ce pouvoir supérieur au pouvoir suprême ? Était-ce un concile ? un pape ?

Robespierre heureusement n’avait pas dit un seul mot. Il faisait parler et ne parlait pas. Ne s’étant point avancé, il pouvait reculer sans peine. Reculer lui-même ? Non, mais reculer par un autre. C’est ce qu’il hasarda de faire par l’organe de son ami Couthon, le premier des Jacobins après lui. C’était un jeune représentant auvergnat, d’une gra-