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désorganisateur, Chabot dénonça un parti fédéraliste qui voulait démembrer la France au profit de l’aristocratie. Accusation calomnieuse, mais qui sembla confirmée par les menaces insensées de l’étourdi Barbaroux.

Les dantonistes, voulant à tout prix garder l’avant-garde de la Révolution, faisaient alors des avances aux Jacobins et les flattaient de leur mieux en médisant de la Gironde. Cependant il est probable qu’ils conservaient l’espoir de continuer la réunion mixte qui eût prévenu le divorce absolu de la Convention. Thuriot (exprimant ici, je le crois, la pensée de Danton) demanda encore, le 1er octobre, que les Jacobins révoquassent leur décret d’exclusion ; il dit que la réunion n’avait lieu qu’à minuit, après la séance ; il ne dit pas, mais tout le monde dut comprendre, qu’on y traitait des affaires qui, demandant du secret, ne pouvaient être divulguées aux Jacobins. Ces paroles sensées ne firent que ménager un triomphe à Collot. Le déclamateur soutint, aux applaudissements des tribunes qu’il ne pouvait y avoir de secret pour le peuple souverain, qu’on ne pouvait rien faire qu’avec le peuple, qu’on devait tout faire sous les yeux du peuple, c’est-à-dire traiter les plus secrètes affaires de diplomatie, de police, en confidence des agents royalistes et des espions étrangers, mêlés au peuple des tribunes.

La société confirma son arrêté d’exclusion. Les deux cents cédèrent, ne s’assemblèrent plus. Chose grave. Dès ce moment, on ne pouvait plus se